Le mardi 13 août 2024, alors que le soleil haïtien brillait de mille feux, un groupe de 18 étudiant.e.s en Électricité, encadré.e.s par leur formateur M. Clergé Jean Ronal, l’Officière de Placement Mme Sergina Pierre, et le P. Mytilien André, coordonnateur des études, a entrepris une visite éducative à la Centrale Hydroélectrique de Saut- Mathurine. Cette excursion visait à confronter les connaissances théoriques acquises en classe/atelier avec la réalité pratique du terrain, offrant ainsi une expérience aussi enrichissante que nécessaire.
Un départ sous le signe de la convivialité
La journée a commencé sous le manguier du CDAM, avec un petit déjeuner de sandwichs et de jus, préparé avec amour par un service de traiteur. Rien de tel qu’un bon repas partagé pour souder un groupe, avant de prendre la route à bord du célèbre Autobus « Boeing Bosco ». Une prière collective a marqué le début du voyage, plaçant cette expédition sous la protection de la Bienheureuse Vierge Marie, Secours des Chrétiens.
Un accueil chaleureux dans un lieu historique
À 10h17, le groupe est arrivé à la Centrale Hydroélectrique de Saut-Mathurine, un site emblématique qui pourrait être la clé d’une future énergétique pour Haïti. Le gardien a ouvert la barrière principale en attendant l’arrivée de M. Michaud CENECHARLES, le directeur de la centrale. Cet accueil, marqué par une familiarité touchante, a rapidement pris un tour nostalgique lorsque M. Michaud, ancien élève de l’ENAM (École Nationale des Arts et Métiers) dirigée par les Salésiens de Don Bosco, à Port-au-Prince (Lasaline), a rappelé ses années de formation (1985-1991). Un sourire aux lèvres, il a évoqué l’importance des « mots du jour » et des « mots du soir » qui rythmaient sa vie d’étudiant, soulignant combien ces enseignements de valeurs et de discipline ont marqué son parcours.
Une visite riche en apprentissages
Après une brève présentation de l’équipe, les étudiants.es ont été scindés.es en deux groupes pour faciliter la visite. Monsieur Bychara Dessapes, expert en hydraulique avec 42 ans d’expérience, a pris en charge le premier groupe, les conduisant d’abord à la salle de commande. Là, il a expliqué le rôle crucial des synchroniseurs, des disjoncteurs, et de l’armoire de protection, précisant que tout devait fonctionner en parfaite harmonie pour garantir une distribution stable de l’électricité.
La salle des machines a ensuite révélé ses secrets, où la « Turbine Francis », pièce maîtresse de la centrale, convertit l’énergie cinétique de l’eau en énergie mécanique, qui est ensuite transformée en énergie électrique. Monsieur Bychara a su démystifier ce processus complexe avec une pédagogie remarquable, suscitant l’intérêt et la curiosité des étudiants.es.
Un potentiel sous-exploité
Cette visite n’a pas seulement été une leçon de technologie ; elle a également mis en lumière les défis auxquels Haïti est confrontée. La centrale de Saut-Mathurine, inaugurée en 1983 sous le gouvernement de Duvalier, a vu son potentiel se dégrader au fil des décennies, jusqu’à être gravement endommagée par le tremblement de terre du 14 août 2021. Trois ans plus tard, les trois (3) turbines sont toujours en pause, et les espoirs de réhabilitation restent suspendus à la volonté des dirigeants. Pourtant, cette centrale, si elle était pleinement opérationnelle, pourrait électrifier non seulement la zone de Saut-Mathurine, mais aussi la Ville des Cayes, transformant ainsi le visage de toute une région.
L’ironie de la situation n’échappe à personne : alors que les chutes d’eau se déversent avec puissance, l’énergie qu’elles pourraient produire reste inexploitable, un symbole poignant de la régression d’Haïti. Avec les ressources naturelles abondantes dont dispose le pays, la construction et la maintenance de centrales hydroélectriques devraient être une priorité nationale. Mais pour cela, il faudrait d’abord une volonté politique claire, accompagnée de réformes pour s’assurer que l’électricité produite soit facturée et payée, notamment via un système de prépaiement pour les consommateurs.
Un appel à l’action
Monsieur Jean Kerléus, ingénieur en réseau, a conclu la visite par une intervention inspirante, encourageant les étudiant.e.s à poursuivre leurs études et à viser l’excellence dans le domaine de l’électricité. Ses conseils ont résonné comme un appel à prendre en main l’avenir du pays, à travers l’acquisition de connaissances et la volonté de les mettre au service du développement national. Quant au directeur Michaud, après avoir raconté ses expériences positives et heureuses comme ancien élève salésien, termine pour dire aux étudiants.es de faire leur le leitmotiv salésien « former de bons chrétiens et d’honnêtes citoyens » en vivant les notions de valeur.
Un dîner bien mérité et un dernier regard sur la chute
Avant de reprendre la route, une visite rapide à la chute d’eau s’est imposée, offrant aux étudiants.es un moment de contemplation de cette merveille naturelle, dont le potentiel reste à exploiter. Après une pause dîner copieuse, le groupe est rentré au CDAM, des étoiles plein les yeux et des idées plein la tête.
Remerciements et reconnaissance
Cette visite n’aurait pas été possible sans l’accueil chaleureux de M. Michaud CENECHARLES et de son équipe, qui ont partagé non seulement leur savoir, savoir-faire, mais aussi leur passion pour un métier crucial. Un grand merci aussi aux partenaires qui soutiennent la Formation Professionnelle des jeunes dans les CFPs (Centre de Formation Professionnelle) des Salésiens en Haïti, comme Via Don Bosco, Jóvenes y Desarollo, Aecid, ENTEC, ainsi qu’au staff des Formateurs, M. Ronald, M. Filiberto, M. Alcide (filière de l’électricité), Mme Sergina, et tous.tes ceux et celles qui contribuent à faire de ces jeunes des professionnels.les compétents.es, des citoyens.nes engagés.es et de « bons chrétiens et d’honnêtes citoyens ».
Bravo enfin aux étudiants.es pour leur engagement et leur soif de connaissance. Cette visite à la Centrale Hydroélectrique de Saut- Mathurine n’est qu’une étape dans leur parcours, mais une étape qui pourrait bien marquer le début d’une carrière prometteuse, au service du progrès d’Haïti. Il est temps que le pays prenne conscience de son potentiel et franchisse le cap du développement durable, avec l’énergie comme moteur de changement.
Les Cayes, 13 août 2024
P. Mytilien A., sdb